Le 15 avril 2019, le monde entier assiste avec stupeur à la chute de la flèche
de Notre-Dame de Paris et à la destruction de sa charpente multiséculaire
surnommée « La Forêt », ravagées par un incendie. Face à cette vague d’émotion
provoquée par le sinistre, le président de la République Emmanuel Macron annonce
vouloir reconstruire ce chef-d’œuvre du XIIème siècle en seulement cinq ans. Ce
projet moqué, dit orgueilleux, et surtout hors d’atteinte, voit finalement le jour en
cette fin d’année 2024.
Après l’incendie de la cathédrale, les promesses de don affluent. Près de 850
millions d’euros sont ainsi récoltés pour financer la reconstruction grâce à la
souscription nationale lancée. Les dons affluent du monde entier, des États-Unis à
l’Arabie saoudite, émanant de grandes fortunes et de particuliers plus modestes. Ils
sont collectés par quatre organismes, la Fondation du patrimoine, la Fondation Notre
Dame, la Fondation de France et le Centre des monuments nationaux. Quelques
700 millions d’euros ont été utilisés en faveur des phases de consolidation, puis de
restauration à proprement parlé. Environ 2 000 personnes, issues de 250
entreprises, ont œuvré à la restauration du monument. Pour ce faire, 1 200 tonnes
d’échafaudages ont été montés. Ils auront notamment été utiles pour remonter une
nouvelle charpente d’une charge de 600 tonnes. Le chantier est d’une telle ampleur
qu’un établissement public, « Rebâtir Notre-Dame de Paris », est créé pour gérer les
travaux de la cathédrale. Il reste ainsi près de 150 millions d’euros issus de la
souscription nationale pour entamer la troisième et dernière phase de restauration :
les façades retrouveront de leur splendeur, les couvertures de la sacristie et les arcs-
boutants du chœur, eux, seront fortifiés.
Néanmoins, ce surplus de fonds aurait pu servir à une autre cause tout aussi
noble, d’autant qu’une nouvelle collecte de dons sera ouverte en 2025. En
septembre 2023, Emmanuel Macron avait lancé une souscription nationale ayant
pour objectif les 200 millions d’euros sur quatre ans. Seulement 16,7 millions ont pu
être récoltés jusqu’ici par la Fondation du patrimoine. Ainsi, les sommes
supplémentaires auraient pu, comme l’avait imaginé Monsieur Édouard De Lamaze,
président de l’Observatoire du Patrimoine Religieux, être consacrées à la
restauration des soixante cathédrales communales de France ainsi que du petit
patrimoine religieux. La réponse semble claire : les fonds restants proviennent
majoritairement des grands mécènes – comme François Pinault, Bernard Arnault,
L’Oréal, ou encore la Fondation TotalEnergies – qui ont donné pour la dernière phase
de restauration, et qu’il ne faut pas décevoir.