Depuis 150 ans, l’œuvre de l’architecte français Auguste Perret resplendit dans notre patrimoine urbain et religieux. A l’occasion de l’anniversaire de sa disparition, revenons sur le travail admirable du grand spécialiste du béton armé, et principalement sur ces églises qui incarnent son style distinctif et sa vision novatrice.
Le style d’Auguste Perret :
L’architecture d’Auguste Perret se caractérise par son minimalisme élégant, une grande nudité en matière d’ornement, sa maitrise des lignes épurées. Né le 12 février 1874, Perret a été profondément influencé par les principes du classicisme et de l’harmonie architecturale grâce à ses lectures des grands maîtres tels que Viollet Le Duc et Auguste Choisy. Cependant, il a introduit une approche révolutionnaire en utilisant le béton armé comme principal matériau de construction. Cette décision audacieuse lui a permis de repenser radicalement la construction des églises, combinant tradition et modernité de manière unique.
La volonté d’Auguste Perret :
Auguste Perret était animé par une volonté de réinventer l’architecture sacrée pour répondre aux besoins contemporains. Confronté aux défis de la reconstruction après la Première Guerre Mondiale, Perret a vu dans le béton armé une opportunité de créer des structures plus solides, durables et économiques que les méthodes traditionnelles. Sa volonté était double : respecter les traditions architecturales tout en adaptant les formes et
les matériaux aux exigences modernes.
Les églises en béton : symbole de modernité :
Les églises construites par Auguste Perret incarnent sa philosophie architecturale. Parmi ses œuvres les plus célèbres, citons l’église Notre Dame du Raincy et l’église Saint Joseph du Havre qui se distinguent par leur simplicité géométrique, leurs vastes espaces intérieurs et leurs murs en béton apparent, qui révèlent la beauté brute du matériau.
Aperçu des églises :
L’église Notre Dame du Raincy (1922_1923) créée en collaboration avec son frère Gustave est un monument emblématique de l’architecture moderne surnommé « la Sainte Chapelle du béton armé » Elle est caractérisée par son architecture épurée et sa simplicité géométrique. L’intérieur de l’église est baigné de lumière naturelle grâce à de vastes baies et à une structure spacieuse et aérée créant ainsi une atmosphère de recueillement et de contemplation.
Après la seconde guerre mondiale, Auguste Perret est appelé à la reconstruction de la ville du Havre. Dans cet optique il construit en 1951 l’église Saint Joseph qui sera un monument symbole de la renaissance de la ville et une stèle en mémoire des disparus. Cet édifice religieux est une prouesse d’ingénierie avec son immense espace autoportant, débarrassé dans sa zone centrale de toute structure de soutien et son clocher lanterne d’une hauteur de 107 mètres faisant office de nef et de chœur. Celui-ci est vide sur une hauteur de 40 mètres et forme ainsi un grand puit de lumière colorée grâce à la présence de nombreux vitraux.
Auguste Perret a également apporté à certains bâtiments anciens une touche de modernité avec ses élévations en béton armé. Le clocher de l’église Saint Julien de Saint-Vaury en est un des exemples les plus marquants. Construit en 1924 sur un édifice dont les fondations remontent au XIIIème siècle, le clocher démontre une utilisation souple de ce nouveau matériau grâce à des courbes paraboliques et hyperboliques.
On peut donc dire que l’héritage des églises en béton d’Auguste Perret réside dans leur capacité à marier fonctionnalité, esthétique et spiritualité. Les intérieurs spacieux et lumineux avec leurs colonnes minces et leurs voûtes élancées, créent une atmosphère de recueillement et de sérénité. De plus, l’utilisation novatrice du béton armé a ouvert la voie à de nouvelles approches architecturales dans la construction religieuse.
Chef d’œuvre d’Auguste Perret : le Palais d’Iéna
Cette volonté d’Auguste Perret n’est pas présente seulement dans l’architecture religieuse.
On peut citer son chef d’œuvre, le Palais de l’Iéna à Paris, conçu entre 1937 et 1946 et qui incarne parfaitement le style audacieux de Perret et son utilisation innovante du béton armé à grande échelle.
Le Palais de l’Iéna se distingue par son architecture monumentale et ses lignes épurées.
Perret a exploité les possibilités structurelles du béton armé pour créer un bâtiment vaste et lumineux, caractérisé par de grandes surfaces vitrées et des colonnes élancées. L’édifice présente une géométrie rigoureuse et une symétrie élégante qui rappellent les principes du classicisme tout en adoptant un mode de construction avec un matériau révolutionnaire: le béton.
Pour conclure :
Les églises d’Auguste Perret et ses constructions urbaines comme celle du Palais d’Iéna témoignent de la capacité de Perret à transformer la matière brute du béton en une architecture grandiose et fonctionnelle. Sa conception reflète sa volonté de repousser les limites de la construction traditionnelle et d’introduire une nouvelle ère dans l’architecture française.
Auguste Perret reste une figure de l’architecture moderne, et ses églises en béton sont un témoignage éloquent de son génie créatif. Par son utilisation novatrice du matériau et son respect des principes esthétiques traditionnels, Perret a laissé un héritage durable qui continue d’influencer les architectes contemporains. Les églises en béton d’Auguste Perret demeurent des icones de l’architecture sacrée et une source d’inspiration pour ceux qui
recherchent l’équilibre entre tradition et modernité dans le domaine de la construction.
©Leonie Tollet – OPR