La flèche a retrouvé sa place dans le ciel de Paris : sa charpente en chêne massif est surmontée de la couronne et de la croix dorées conformément au dessin originel de Viollet-le-Duc. Le coq a été posé au sommet, parachevant l’élévation de la flèche à 96 mètres de hauteur. Ce coq est un symbole très important, car il représente à la fois la vigilance et l’annonce de la résurrection de Jésus-Christ au matin de Pâques.
Ancré à 30 mètres du sol, au-dessus de la croisée du transept, ce chef-d’œuvre de charpente est un enchevêtrement complexe d’environ 1000 pièces de bois. Préalablement, la flèche avait été taillée par les charpentiers en atelier, en Lorraine, et montée avec succès.
Pour l’installation de la flèche, un échafaudage de 600 tonnes comptant 48 niveaux a été monté : une construction savante et complexe étroitement imbriquée avec la charpente, qui a permis la construction de la flèche sans gêner son montage.
Ses ornements commencent également à se distinguer. Ils ont été recouverts d’une couche de plomb, comme le reste de la flèche, afin d’être protégé des intempéries pour les siècles à venir. Une étape cruciale à 10 mois de la grande réouverture de la cathédrale.
Ce travail a pris forme dans la fonderie Huguenin à Vézelise (Meurthe-et-Moselle). Le renouveau de la flèche de Notre-Dame s’est joué en partie dans leurs chaudrons remplis de plomb chauffé à 400°C. Un savoir-faire devenu rare qu’on appelle le coulage au plomb sur sable. Cette technique venue du fond des âges permet de faire naître des œuvres uniques à chaque fois.
Le plomb, mou par nature et donc facilement façonnable, est utilisé depuis l’Antiquité.
Légèrement chauffées pour faciliter le travail, les tables de plomb sont ensuite martelées au battoir. C’est à Jarny, dans la société Le Bras Frères, spécialisée en charpentes, que la couverture de l’aiguille de la flèche a été préparée. Le plomb a été plaqué sur la structure de bois tel un habit sur mesure.
La décision de reconstruire à l’identique et donc de refaire toute la toiture en plomb telle qu’elle était depuis le 13ᵉ siècle a été prise en juillet 2020, même si au moment de l’incendie, la dispersion de poussières de plomb, nocives pour la santé, avait soulevé des inquiétudes dans le quartier.
Mais l’ensemble de la flèche ne se verra pas d’un seul coup. Les échafaudages vont être retirés petit à petit jusqu’au moment des Jeux Olympiques (26 juillet-11 août) où elle sera bien visible dans le ciel de Paris.