Le couvent de la Tourette doit réaliser, en urgence, de nouveaux travaux, moins de quinze ans après sa précédente campagne de restauration. L’œuvre architecturale de Le Corbusier a été construite entre 1956 et 1959 pour être le lieu de formation des frères dominicains de la province de Lyon. L’atrium, le pyramidion et la chaudière à gaz demandent des interventions rapides La végétalisation du toit a entraîné des fissures qui n’étaient pas visibles de l’extérieur, les infiltrations d’eau venaient corroder les fers à l’intérieur du béton armé, lequel finissait par exploser sous l’effet du gonflement des fers dû à la corrosion. Une déstructuration progressive « qui peut être très alarmante et complète de l’édifice » alerte l’architecte. Au printemps, un traitement sera appliqué aux aciers corrodés et l’étanchéité sera refaite, sans végétalisation et en supprimant la poutre en béton problématique, « de manière à pouvoir faire une intervention beaucoup plus pérenne et permettre à cet édifice de vivre plus longtemps. On va dé restaurer d’une certaine manière » explique le frère Charles.
Mais l’atrium n’est pas la seule urgence au couvent de la Tourette. Le pyramidion souffre lui aussi de fissures. Ce petit bâtiment composé d’un cube surmonté d’une pyramide et porté par une croix est l’oratoire des frères étudiants. Œuvre majeure dans l’histoire de l’architecture, l’édifice remarqué par l’architecte japonais Tadao Ando est lui aussi très abîmé. « Il avait été traité avec une résine très plastifiée à une époque, ce qui entraînait un rendu pas très heureux. On avait l’impression d’avoir une finition de piscine sur la toiture du Pyramidion. Cette étanchéité a été retirée. Mais de fait, on constate aujourd’hui des fissures assez importantes » explique frère Charles. Ces deux éléments doivent être traités rapidement mais le budget manque « parce qu’on fait des études assez complètes pour avoir un traitement de qualité » précise l’architecte. Ces fissures et leurs conséquences sont aggravées par le froid et les pluies de l’hiver rhodanien. En effet, outre la dizaine de frères dominicains qui vit à l’année au couvent, le site accueille depuis les années 1970 des hôtes, attirés tantôt pour des raisons spirituelles – pour une retraite ou un temps de prière – tantôt pour des raisons architecturales ou de design, « mais qui sont ensuite portés et séduits par ce lieu tout à fait unique dans un cadre assez étonnant et très végétalisé » assure le religieux.
Pour financer ces trois chantiers estimés à 800 000 €, un appel aux dons a été lancé dès l’été 2023. Face à l’urgence de la situation, les travaux de l’atrium sont prévus dès les mois de mars ou d’avril 2025 et une partie des fonds a déjà été collectée pour financer ce projet. Un fonds de dotation a été monté pour recueillir les dons, déductibles des impôts pour les particuliers (66 %) comme pour les entreprises (60 %). En attendant, le couvent de la Tourette continue de se visiter et de proposer des retraites et des conférences pour découvrir le trésor de ce bâtiment « qui, de premier abord, parfois est un peu rude ». (RCF. 11 janvier 2025)